Acheter un bien immobilier déjà loué attire souvent les investisseurs. Cette solution présente un intérêt évident : percevoir immédiatement un loyer sans avoir à chercher un occupant. Mais l’opération est encadrée par des règles précises qui protègent le locataire en place et fixent des obligations à l’acquéreur. Avant de signer, il est donc essentiel de comprendre ces contraintes pour éviter les mauvaises surprises.
On considère qu’un logement est “occupé” lorsqu’au moment de la vente, un locataire dispose d’un bail en cours. L’acheteur devient alors le nouveau bailleur. Conformément à l’article 1743 du Code civil, l’acquéreur respecte ce bail jusqu’à son terme, quelle que soit sa volonté.
En pratique, le nouveau propriétaire ne peut exiger du locataire qu’il quitte le logement avant la date prévue dans le contrat que si ce dernier accepte un départ anticipé.
La loi distingue deux grandes catégories de baux d’habitation :
Dans les deux cas, la notification doit se faire par lettre recommandée avec accusé de réception, par acte d’huissier ou remise en main propre contre récépissé. Le non-respect de cette procédure rend le congé invalide.
Certaines situations donnent au locataire un droit au maintien dans les lieux, même lorsque le bailleur souhaite récupérer le logement.
Si le locataire est âgé de plus de 65 ans et dispose de ressources inférieures à 1,5 fois le SMIC annuel, le propriétaire ne peut pas donner congé sans lui proposer un logement équivalent adapté à ses besoins et à ses moyens financiers.
Cette protection figure à l’article 15, III de la loi du 6 juillet 1989. L’objectif est d’éviter qu’une personne vulnérable se retrouve sans solution de logement.
Acheter un bien déjà loué a un impact sur son prix et sur sa rentabilité.
En général, le prix d’acquisition est inférieur à celui d’un logement libre, la décote pouvant aller de 10 à 20 %. Cela s’explique par l’impossibilité d’occuper le logement immédiatement.
Pour un investisseur, c’est un avantage : l’acquisition s’accompagne d’un revenu locatif immédiat et d’un locataire déjà en place, évitant ainsi les démarches de mise en location.
Cependant, si le loyer est inférieur au prix du marché, le rendement sera limité jusqu’au départ du locataire ou à la renégociation du bail.
Un achat de bien occupé peut se révéler problématique si certaines vérifications ne sont pas faites :
Ces situations montrent l’importance de bien se renseigner en amont et d’exiger du vendeur tous les documents relatifs au bail et à la situation locative.
Le mandataire a un rôle déterminant dans ce type de transaction. Il doit s’assurer que l’acheteur comprend les implications juridiques et financières d’un achat occupé.
Ses missions incluent :
Ce travail en amont permet d’éviter les conflits et de sécuriser la transaction.
L’achat d’un bien occupé par un locataire est une opération intéressante pour l’investisseur averti, mais elle ne s’improvise pas. Les règles encadrant ce type de vente protègent le locataire et imposent à l’acquéreur de respecter des délais précis. Une bonne préparation, l’accompagnement d’un professionnel et la connaissance des textes de loi sont les clés d’une transaction réussie.
Article 15 – Loi n° 89-462 du 6 juillet 1989
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